Il n'avait pas pris une minute de sommeil, tous les instants de cette nuit-là avaient été marqués pour lui par une joie. Il avait parcouru toute la ligne des grand'gardes, en s'arrêtent çà et là pour parler aux vedettes. À deux heures et demie, près du bois d'Hougomont, il avait entendu le pas d'une colonne en marche; il avait cru un moment à la reculade de Wellington. Il avait dit à Bertrand: C'est l'arrière-garde anglaise qui s'ébranle pour décamper. Je ferai prisonniers les six mille Anglais qui viennent d'arriver à Ostende. Il causait avec expansion; il avait retrouvé cette verve du débarquement du 1er mars, quand il montrait au grand-maréchal le paysan enthousiaste du golfe Juan, en s'écriant:—Eh bien, Bertrand, voilà déjà du renfort! La nuit du 17 au 18 juin, il raillait Wellington.—Ce petit Anglais a besoin d'une leçon, disait Napoléon. La pluie redoublait, il tonnait pendant que l'empereur parlait.
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- Victor Hugo (auteur)