§ La garde Les Misérables

Ney, éperdu, grand de toute la hauteur de la mort acceptée, s'offrait à tous les coups dans cette tourmente. Il eut là son cinquième cheval tué sous lui. En sueur, la flamme aux yeux, l'écume aux lèvres, l'uniforme déboutonné, une de ses épaulettes à demi coupée par le coup de sabre d'un horse-guard, sa plaque de grand-aigle bosselée par une balle, sanglant, fangeux, magnifique, une épée cassée à la main, il disait: Venez voir comment meurt un maréchal de France sur le champ de bataille! Mais en vain; il ne mourut pas. Il était hagard et indigné. Il jetait à Drouet d'Erlon cette question: Est-ce que tu ne te fais pas tuer, toi? Il criait au milieu de toute cette artillerie écrasant une poignée d'hommes:—Il n'y a donc rien pour moi! Oh! je voudrais que tous ces boulets anglais m'entrassent dans le ventre! Tu étais réservé à des balles françaises, infortuné!

Search
Author(s)