C'était là ce qui s'était passé en Marius. Il avait même, pour tout dire, un peu trop versé du côté de la contemplation. Du jour où il était arrivé à gagner sa vie à peu près sûrement, il s'était arrêté là, trouvant bon d'être pauvre, et retranchant au travail pour donner à la pensée. C'est-à-dire qu'il passait quelquefois des journées entières à songer, plongé et englouti comme un visionnaire dans les voluptés muettes de l'extase et du rayonnement intérieur. Il avait ainsi posé le problème de sa vie: travailler le moins possible du travail matériel pour travailler le plus possible du travail impalpable; en d'autres termes, donner quelques heures à la vie réelle, et jeter le reste dans l'infini. Il ne s'apercevait pas, croyant ne manquer de rien, que la contemplation ainsi comprise finit par être une des formes de la paresse; qu'il s'était contenté de dompter les premières nécessités de la vie, et qu'il se reposait trop tôt.
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Author(s)
- Victor Hugo (auteur)