Il poussa un affreux cri de joie intérieure.—Ainsi, c'était fini. Le dénouement arrivait plus vite qu'on n'eût osé l'espérer. L'être qui encombrait sa destinée disparaissait. Il s'en allait de lui-même, librement, de bonne volonté. Sans que lui, Jean Valjean, eût rien fait pour cela, sans qu'il y eût de sa faute, «cet homme» allait mourir. Peut-être même était-il déjà mort.—Ici sa fièvre fit des calculs.—Non. Il n'est pas encore mort. La lettre a été visiblement écrite pour être lue par Cosette le lendemain matin; depuis ces deux décharges qu'on a entendues entre onze heures et minuit, il n'y a rien eu; la barricade ne sera sérieusement attaquée qu'au point du jour; mais c'est égal, du moment où «cet homme» est mêlé à cette guerre, il est perdu; il est pris dans l'engrenage.—Jean Valjean se sentait délivré. Il allait donc, lui, se retrouver seul avec Cosette. La concurrence cessait; l'avenir recommençait. Il n'avait qu'à garder ce billet dans sa poche. Cosette ne saurait jamais ce que «cet homme» était devenu. «Il n'y a qu'à laisser les choses s'accomplir. Cet homme ne peut échapper. S'il n'est pas mort encore, il est sûr qu'il va mourir. Quel bonheur!»
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Author(s)
- Victor Hugo (auteur)